
La conjoncture économique
La Tunisie a été profondément touchée par la révolution de jasmin de 2011 qui a chassé le président Zine El Abidine Ben Ali, et le pays ne s'est jamais relevé économiquement depuis. La situation a été aggravée par la crise sanitaire déclenchée par la pandémie de COVID-19 et par les crises politiques que le pays a connues ces dernières années. Après un rebond modéré en 2021 (4,3 %) et en 2022 (2,7 %), l'économie a marqué le pas en 2023 (0 % de croissance) et a repris de la vigueur en 2024 (+1,4 % en rythme annuel), mais à un rythme inférieur à celui attendu par la Banque centrale. Les perspectives économiques du pays restent modérées à court et à moyen terme. La croissance du PIB réel devrait s'établir à 1,6 % en 2025, tandis que la croissance à moyen terme devrait rester faible, avec une moyenne inférieure à 1,5 % du PIB (FMI).
Malgré la baisse des prix des produits de base et la réduction des coûts des subventions, les finances publiques sont restées tendues en 2024 en raison de l'enlisement des réformes des dépenses et de la faiblesse de la croissance. Le déficit budgétaire est tombé à une estimation de 6 % du PIB en 2024 (contre 6,7 % en 2023), car les subventions et les salaires ont été contenus, tandis que les recettes fiscales ont augmenté modérément. La dette publique a grimpé à 83,7 % du PIB en 2024 (contre 67,8 % en 2019), les besoins de financement bruts augmentant à 16,1 % du PIB, principalement en raison du service de la dette extérieure. L'accès limité aux marchés internationaux a poussé les autorités à s'appuyer davantage sur le financement intérieur, car les IDE - malgré une augmentation de 26,7 % au début de 2024 - ont couvert moins d'un quart des obligations extérieures. Le budget reste rigide et exposé aux chocs extérieurs. Fitch Ratings estime que la masse salariale, les intérêts et les subventions consommeront 87 % des recettes totales (hors dons) en 2026, contre 95 % en 2024. Les coûts des subventions restent sensibles aux fluctuations des prix mondiaux. L'inflation en Tunisie a ralenti pour atteindre 7 % en 2024, contre 9,3 % en 2023, selon l'Institut national de la statistique. Ce ralentissement est dû à la diminution de la pression sur les prix des denrées alimentaires, bien qu'ils aient encore augmenté de 7,2 % au cours de l'année. Les prix des produits manufacturés ont augmenté de 6,1 %, tirés par l'habillement et les chaussures (+9,7 %) et les produits de nettoyage (+7,8 %). L'inflation des services a atteint 5,4 %, tirée par les restaurants, les cafés et les hôtels (11,7 %). Le FMI prévoit que l'inflation restera stable à l'horizon de la prévision, à 6,7 %. Parmi les politiques nécessaires pour restaurer la stabilité macroéconomique, le FMI signale une réduction consciencieuse du déficit budgétaire par une réforme fiscale équitable, un contrôle strict de la masse salariale du secteur public, des subventions mieux ciblées et des réformes profondes des entreprises publiques.
La Tunisie est affligée par des disparités économiques croissantes qui favorisent ses régions côtières, lesquelles représentent plus de 80 % des zones urbaines et 90 % de l'emploi total. Les taux de pauvreté les plus élevés sont concentrés dans les zones rurales, en particulier celles du nord-ouest et du sud-ouest du pays (dépassant souvent 33 %). À l'inverse, le Grand Tunis affiche les valeurs les plus basses (Carnegie). Selon la Banque mondiale, la pauvreté au seuil de pauvreté du revenu intermédiaire supérieur (6,85 USD/jour en PPA de 2017) est tombée à 15,7 % en 2024 (contre 15,9 % en 2023) et devrait chuter à 14,9 % d'ici à 2026. Selon les derniers chiffres de l'Institut national de la statistique (INS), au troisième trimestre 2024, le taux de chômage s'élevait à 16 % ; toutefois, le taux de chômage des jeunes - 40,5 % - était particulièrement élevé. Par sexe, le taux de chômage reste nettement plus élevé pour les femmes (22,1 %) que pour les hommes (13,3 %).
Indicateurs de croissance | 2023 (E) | 2024 (E) | 2025 (E) | 2026 (E) | 2027 (E) |
PIB (milliards USD) | 48,54 | 52,64 | 54,65 | 56,70 | 57,23 |
PIB (croissance annuelle en %, prix constant) | 0,0 | 1,6 | 1,6 | 1,5 | 1,5 |
PIB par habitant (USD) | 3.967 | 4.267 | 4.396 | 4.528 | 4.539 |
Solde des finances publiques (en % du PIB) | -4,1 | -1,9 | -0,3 | 0,1 | 0,4 |
Endettement de l'Etat (en % du PIB) | 82,4 | 83,7 | 84,3 | 85,1 | 87,3 |
Taux d'inflation (%) | 9,3 | 7,1 | 6,7 | 6,7 | 7,8 |
Taux de chômage (% de la population active) | 16,4 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 |
Balance des transactions courantes (milliards USD) | -1,31 | -1,85 | -1,87 | -2,03 | -2,13 |
Balance des transactions courantes (en % du PIB) | -2,7 | -3,5 | -3,4 | -3,6 | -3,7 |
Source : FMI - World Economic Outlook Database , October 2021
Risque pays
Consultez l'analyse risque pays proposée par la Coface.
